Quelles sont les règles de la retraite progressive ?
Mise à jour le 19-08-2025

En fin de carrière, il est possible de réduire son activité professionnelle et de commencer à bénéficier d'une partie de sa retraite. Mais tous les actifs sont-ils concernés ? Quelles sont les conditions pour bénéficier de ce dispositif ? Tour d'horizon avec Sapiendo.
La retraite progressive permet, comme son nom l'indique, de passer progressivement de la vie active à la retraite. Elle consiste à réduire son temps d'activité professionnelle, tout en commençant à percevoir une partie de sa retraite de base et complémentaire. Avec le cumul emploi-retraite, il s'agit d'un dispositif d'aménagement de fin de carrière.
- Pour en savoir plus, voir notre fiche : Retraite progressive et cumul emploi-retraite
Zoom sur les actifs pouvant postuler à ce dispositif, les conditions d'éligibilité et son montant.
Qui peut bénéficier de la retraite progressive ?
La retraite progressive est accessible :
- aux salariés du régime général (CNAV),
- aux salariés agricoles (MSA),
- aux exploitants agricoles (MSA),
- aux indépendants artisans et commerçants (SSI),
- depuis la réforme des retraites de 2023 : aux professionnels libéraux, avocats, fonctionnaires et assurés d'un régime spécial.
Notons que cette transition douce avec la retraite peut tout à fait être demandée par ceux qui ont plusieurs employeurs (notamment les employés à domicile), sous réserve de respecter les conditions listées ci-dessous.
Les conditions pour bénéficier de la retraite progressive
Il convient de remplir 3 conditions pour pouvoir prétendre à la retraite progressive :
- Être a minima à deux ans de son âge légal de départ à la retraite. Pour les salariés du secteur privé et les agents de la fonction publique (fonctionnaires et contractuels) avoir a minima 60 ans (entrée en vigueur à compter du 1er septembre 2025)
- Justifier de 150 trimestres en durée d’assurance, tous régimes confondus.
- Réduire son activité dans certaines limites.
La réduction d'activité pour les salariés
Pour les salariés du privé, du public ou encore de l'agricole, la condition de réduction d'activité est liée au temps de travail. Ainsi, la durée de temps de travail pour pouvoir bénéficier de la retraite progressive doit être comprise entre 40 % et 80 % d'un temps complet.
À noter que si le travailleur est déjà à temps partiel, il peut bénéficier de la retraite progressive dès 62 ans, sous réserve d’avoir validé au moins 150 trimestres et de travailler entre 40 % et 80 % d’un temps complet. Il n'aura donc pas à modifier sa fréquence de travail, sauf s'il le souhaite.
Depuis le 1er janvier 2022, le dispositif de retraite progressive est applicable aux salariés ayant conclu une convention de forfait en jours sur l’année, dont le nombre est inférieur à celui fixé par la loi (218 jours) ou par un accord collectif de branche ou d’entreprise peuvent, s’ils remplissent les conditions.
La réduction d'activité pour les fonctionnaires
Comme pour les salariés, la condition de réduction d'activité est liée au temps de travail. Mais cette durée est différente : la quotité de travail doit être comprise entre 50 % et 90 % d'un temps complet.
La réduction d'activité pour les indépendants, libéraux et exploitants agricoles
Pour les indépendants, libéraux et exploitants agricoles, la condition de réduction d'activité est liée au revenu. En effet, il est difficile de quantifier un temps de travail pour ces professions.
Pour les artisans et commerçants, on mesure la baisse de l'activité à la réduction du revenu tiré de la profession indépendante. On compare les revenus de l'année précédente à la moyenne des revenus des 5 dernières années.
Pour les exploitants agricoles, on mesure la réduction d'activité de différentes façons suivant l'assujettissement (SMI ou temps de travail) :
- Assujettissement par rapport à une Surface minimum d'installation (SMI) :
- perception de 40% de la retraite si réduction de l'exploitation de 35% à 45%,
- perception de 50% de la retraite si cession supérieure à 45 %.
- Assujettissement par rapport à un temps de travail :
- perception de 40% de la retraite si diminution de l'activité comprise entre 400 et 800 heures de travail,
- perception de 50 % de la retraite si diminution supérieure à 800 heures.
Comment fonctionne la retraite progressive et quel est son montant ?
Le dispositif de retraite progressive suppose de liquider sa retraite en deux temps : une première fois au moment de l'entrée dans le dispositif, puis une seconde au moment du départ définitif en retraite.
Étape 1 : la période de retraite progressive
En pratique, vous liquiderez vos droits à la retraite une première fois au moment de l'entrée dans le dispositif de retraite progressive. À cette occasion, un premier calcul de votre pension sera réalisé sur la base des droits acquis au moment de la demande. La part de retraite versée dépendra de votre temps de travail.
- Si votre temps partiel est de 80%, alors le montant de la retraite versée sera de 20% (base et complémentaire).
- Si votre temps partiel est de 65%, alors le montant de ma retraite versée sera de 35% (base et complémentaire).
Puis vous continuerez à accumuler des droits à la retraite (trimestres + points) pendant toute la période de retraite progressive. Sous réserve de l’accord de l'employeur, il est possible de travailler à temps partiel et continuer à cotiser pour la retraite sur la base d'un salaire à temps plein. Cela peut permettre d’obtenir une retraite d’un montant identique à celui qui aurait été perçu en travaillant à temps plein.
Étape 2 : la retraite définitive
Lors de votre départ à la retraite, une seconde liquidation sera réalisée en retraite en fonction des nouveaux droits acquis.
Prenons le cas de Marie, née en 1966. Elle peut prétendre à une retraite progressive à partir de 60 ans. Elle choisit de faire sa retraite progressive à partir de ses 61 ans et 6 mois.
Marie étant salariée, sa réduction d’activité doit être comprise entre 40 et 80% de son temps complet. Imaginons qu’elle réduise son temps de travail de 40 % :
Étape 1 : pendant ses 2 ans de retraite progressive, ses revenus sont de 2 663 € (1 925 € de salaire + 738 € de retraite progressive), soit une perte de 545 € par rapport à si elle avait continué à travailler à temps complet. On constate une perte de revenu raisonnable, qui est en fonction de la réduction de temps de travail.
Étape 2 : sans retraite progressive, sa pension de retraite aurait été de 2 181 € net par mois. Avec une retraite progressive de 2 ans, sa pension de retraite définitive sera de 2 132 € net pas mois, soit une perte de 49 € par mois.
On constate que le recours au dispositif de retraite progressive aura un faible impact sur sa retraite définitive et aura agi comme un amortisseur du recul de son âge légal (en effet, avant la réforme, Marie aurait pu prendre sa retraite définitive dès 62 ans).
Notons que pour aménager sa fin de carrière, il est possible de combiner période de travail à temps partiel et rachat de trimestres. Il est parfaitement possible de passer à temps partiel entre 62 et 64 ans dans le cadre de la retraite progressive puis de partir en retraite dès 64 ans, avec une retraite à taux plein grâce à un rachat de trimestres. Dans ce cas, le rachat devra être effectué avant de demander le versement de la retraite progressive car une fois la retraite liquidée, même en partie seulement, le rachat de trimestres n’est plus possible.
Dans tous les cas, Sapiendo vous conseille d'effectuer des simulations en amont afin d'être certain(e) que le rachat vous sera rentable. En effet, si votre rachat est amorti sur un trop grand nombre d'années, ce n'est peut-être pas très intéressant.
Comment faire une demande de retraite progressive ?
Vous pouvez formuler votre demande à partir du site info-retraite.fr qui transmette votre demande aux différentes caisses de retraite. Chacune des caisses instruira alors votre demande.
Comme pour la demande de retraite définitive, il vous faut réaliser votre demande a minima 4 mois avant la date de début souhaitée. Nous vous recommandons de vous y prendre au mois 6 mois avant afin de vous assurer de réunir toutes les pièces justificatives nécessaires.
Votre demande de retraite progressive sera réputée acceptée, sauf avis contraire de votre employeur qui devra justifier en quoi ce passage à temps partiel est incompatible avec l’activité économique de l’entreprise. Avant la réforme des retraites de 2023, l'employeur pouvait librement vous refuser l'accès à ce dispositif.
Comment mettre fin à la retraite progressive, et dans quels cas est-elle suspendue ou supprimée ?
Suspension de la retraite progressive
Régulièrement, les organismes de retraite envoient par courrier un questionnaire pour vérifier l'activité à temps partiel. Sans réponse à ce questionnaire dans les délais, le paiement de la retraite progressive est suspendu.
La retraite progressive est également suspendue si l'activité à temps partiel est stoppée, et ce même si l'âge de retraite définitive n'est pas atteint.
Cependant, la reprise d'une nouvelle activité à temps partiel ouvre droit à une nouvelle retraite progressive.
Suppression de la retraite progressive
La retraite progressive est supprimée en cas :
- de cessation d'activité à temps partiel et demande de retraite définitive,
- de reprise d'une activité à temps complet,
- de modification du temps de travail sans respecter les limites de durée minimum et maximum de temps partiel (entre 40% et 80% de la durée légale).
Dans ce cas-là, le paiement de la retraite progressive s’arrête le premier jour du mois qui suit le changement.
Lors de son départ en retraite définitive, c'est à l'assuré de demander la liquidation totale de ses droits auprès de sa ou ses caisses de retraite.
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